
QUAEGEBEUR Emile
Lieutenant (1887-1968)
Emile Paul Nicolas QUAEGEBEUR est né le 6 décembre 1886 à Bergues, dans le Nord de la France. Il fait son service militaire au 8e BCP où il est incorporé en 1907, avant de devenir élève officier de réserve en 1908. Il est promu sous-lieutenant de réserve en 1909 et affecté au 16e BCP. En 1910, il épouse Juliette Chevalier, institutrice comme lui, dont il aura une fille Renée. Il est nommé lieutenant de réserve en 1913. Dans la vie civile, il est instituteur. Il semble qu'il ait appartenu à des mouvements d'instituteurs socialistes, qui, en 1913, militaient avec Jean Jaurès contre le projet le projet de Loi des 3 ans de service que le député Emile Driant défendait à la Chambre. Mobilisé en août 1914, il est affecté comme chef de section au 56e BCP. Il participe aux affaires d’Ornel en août 1914, de Gercourt en septembre 1914. En septembre 1914, son épouse décède, à seulement 26 ans. Il participe aux affaires de Buzy en avril 1915. Il est cité à l’ordre du bataillon, pour le motif suivant : « S’est distingué en conduisant de nombreuses patrouilles de reconnaissance. Officier brave, énergique et de grand mérite ». On peut faire l'hypothèse que sa conduite exemplaire, comme celle de bon nombre d'instituteurs depuis le début de la guerre, ait amené le colonel Driant à remanier son roman "Robinsons Souterrains", publié en 1912, dans lequel il donnait le mauvais rôle à un instituteur; Driant avait été profondément choqué par un Congrès d'instituteurs socialistes dans lequel avaient été tenus des propos très hostiles à l'Armée; en 1915, il réécrira son roman, réédité sous le titre "La Guerre souterraine", en modifiant son personnage de l'instituteur. Malade, Emile Quaegebeur effectue un séjour dans différents hôpitaux militaires entre avril et juillet 1915 et retourne à l’issue au 56e BCP à la 10e compagnie. Il se remarie en décembre 1915, avec la soeur de son épouse, Madeleine Chevalier, elle aussi institutrice, dont il aura un fils, Robert. Du 21 au 23 février 1916, il participe à la défense du bois des Caures. Il se trouve en réserve à la Ferme de Mormont lorsque les Allemands déclenchent l'offensive. Sur l'ordre du Capitaine Vincent, il est envoyé avec sa section renforcer un bataillon du 165e Régiment d'Infanterie à la Ferme d'Anglemont d'où ils combattront durant les 3 jours, jusqu'au moment de sa capture. Il laisse un récit détaillé de ces combats durant lesquels, avec ses hommes, il fit preuve de courage et de mérite, sous un feu d'artillerie nourri, notamment pour venir en aide à des soldats blessés. Initialement porté disparu, il est en fait un des rares survivants de son unité. Fait prisonnier et immédiatement évacué de la ligne de front, il connaitra la captivité en Allemagne jusqu’à son rapatriement en France en janvier 1919, et sera démobilisé le 1er avril 1919. Il est affecté au 43e Régiment d'Infanterie en 1922, puis promu Capitaine en août 1923. Il est autorisé à servir au Maroc en janvier 1926, au 61e Régiment de Tirailleurs Marocains avec lequel il participe à la campagne du Rif. Son contrat expire en août 1926. Il fait l'objet d'une nouvelle citation à l'ordre de l'Armée, en date du 3 septembre 1926 : "Commandant de Cie d'une valeur exceptionnelle, véritable entraîneur d'hommes, adoré de ses officiers et de ses hommes. Le 12 juillet 1926, au combat de l'Arbre d'El Mers, commandant la gauche de son bataillon, a fait face à une contre-attaque ennemie très violente, l'a enrayée à courte distance malgré des pertes élevées et passé ensuite à la contre-offensive, est parvenu le premier sur l'objectif de l'attaque." Il termine "capitaine de réserve hors cadres affectation spéciale 1e Région". En parallèle, dans la vie civile, il est toujours instituteur et devient Directeur d'école, à Louvroil Sous-le-Bois. Il est fait chevalier dans l'ordre de la Légion d'Honneur en mars 1933. Il est aussi titulaire de la Croix de Guerre 14-18, de la Croix de Guerre T.O.E., et de la Médaille coloniale agrafe Maroc. Il décède le 11 juin 1968.