

Récit des Sergents COISNE (56e BCP), HACQUIN (59e BCP) et du Médecin BAUDRU (56e BCP)
Dépositions des Sergents Paul COISNE (56e BCP) et Jules HACQUIN (59e BCP), ainsi que du Médecin-auxiliaire Laurent BAUDRU (56e BCP), adressées le 1er avril 1916, à Mme la Colonelle Driant par les Allemands via l'intermédiaire de l'Agence Internationale des Prisonniers de Guerre du Comité International de la Croix-Rouge :
Am den Verein vom Roten Kreuz, Frankfurt a.Main
Betrift No. 2388 / Antwort au das Schfreiben vom 21.3.16
Cassel 23 Marz 1196
Anliegend überreich ich Ihnen die gewünschte Aussage des französischen Feidunterarztes Baudru, Laurent vom 56 Jägerbataillon über das Schicksal des Oberstlieutenants Driant vom 59 Jägerbataillon. Ebenso füge ich die Aussagen von zwei franxösischen Unteroffizieren Sergent Paul Coisne vom 56 Jägerbataillon zu Fuss und Sergent Jules Hacquin vom 59 Jägerbataillon zu Fuss bai, die gensuere Auskünfte geben konnten.
gez. Quiem, Hauptmann und Vorstand
À la Croix-Rouge de Francfort-sur-le-Main
Objet : N° 2388 / Réponse à la lettre du 21 mars 1916
Cassel, le 23 mars 1916
Je vous soumets ci-joint la déclaration demandée du médecin-chef français Laurent Baudru du 56e bataillon de chasseurs concernant le sort du lieutenant-colonel Driant du 59e bataillon de chasseurs. Je joins également les déclarations de deux sous-officiers français, le sergent Paul Coisne du 56e bataillon de chasseurs et le sergent Jules Hacquin du 59e bataillon de chasseurs, qui ont pu fournir des informations détaillées.
Signé : Quiem, Capitaine et Directeur
Renseignements recueillis sur le sort du Lieutenant-Colonel DRIANT :
Je soussigné COISNE Paul, sergent au 56e chasseurs à pied atuellement prisonnier de guerre à la 9e Compagnie 2e bataillon du Camp de Cassel, déclare qu'au moment où l'ordre fut donné de se replier sur Beaumont, je me trouvais aux côtés du Colonel Driant. Je fis avec lui les bonds successifs dans la direction de Beaumont sous le feu des mitrailleuses allemandes.
Au moment de sauter dans un trou d'obus, le Colonel fut touché à la tempe, fit un quart de tour sur lui-même, en criant : "Oh, la-la mon Dieu" et il s'abattait face à l'ennemi. Je sautai dans le trou d'obus.
A ce moment, avec mon camarade Hacquin qui se trouvait déjà abrité dans ce trou d'obus nous cherchâmes à en dégager les abords afin d'amener à nous le Colonel, pensant qu'il n'était que blessé. Nous nous aperçûmes alors qu'il avait le hoquet et que le sang lui sortait par la bouche.
2 ou 3 minutes après, le feu des mitrailleuses cessant, nous sortîmes du trou mais fûmes faits aussitôt prisonniers.
Je regardai le Colonel et l'appelai par 2 fois sans recevoir de réponse. Il paraissait ne plus donne rde signe de vie. Nous voulûmes ramener son corps dans les lignes allemandes, mais les Allemands s'y opposèrent et nous le laissâmes sur le terrain.
Cassel, le 23 mars 1916
Signé COISNE Paul
Renseignements recueillis sur le sort du Lieutenant-Colonel DRIANT :
Je soussigné HACQUIN Jules, sergent au 59e bataillon chasseurs à pied, atuellement prisonnier à la 10e Compagnie 2e Bataillon du Camp de Cassel, déclare que me trouvant dans un trou d'obus, j'entendis le cri "Oh la-la mon Dieu!". Je sortis la tête pour me rendre compte, et j'apreçus le Colonel Driant au moment où il s'abattait face à l'ennemi aux abords du trou.
Avec mon camarade Coisne qui à ce moment venait de sauter près de moi nous cherchâmes à dégager les abords du trou de manière à amener à nous le Colonel, pensant qu'il n'était que blessé. Nous nous aperçûmes alors qu'il avait le hoquet et que le sang lui srtait par la bouche.
2 ou 3 minutes après, le feu des mitrailleuses cessant, nous sortîmes du trou, mais fûmes faits aussitôt prisonniers.
Je regardai le Colonel. Il paraissait ne plus donner signe de vie. Nous voulûmes ramener son corps dans les lignes allemandes, mais les Allemands s'y opposèrent et nous le laissâmes sur le terrain.
Cassel, le 23 mars 1916
Signé HACQUIN Jules
Renseignements recueillis sur le sort du Lieutenant-Colonel DRIANT :
Je soussigné BAUDRU Laurent, médecin auxiliaire du 56e bataillon chasseurs à pied, atuellement prisonnier à la 10e Compagnie 2e Bataillon du Camp de Cassel, déclare que le 22 février 1916 à 15 heures mon bataillon reçut l'ordre de quitter le Bois des Caures pour essayer de gagner le village de Beaumont.
A ce moment, ce qui restait des 56 et 59e bataillons de chaseurs se divisa en plusieurs groupes, et celui dans lequel se trouvait le Colonel Driant essaya de franchir la croupe en arrière du Bois de Ville.
Le groupe dans lequel j'étais, précédait d'une trentaine de mètres celui dans lequel se trouvait le Colonel Driant.
A un moment donné, j'entendis crier et des chasseurs arrivant de son groupe me rejoignirent et me dirent que le Colonel venait d'être touché.
Personnellement, je continuai ma marche sur Beaumont jusqu'à un moment où le Commandant Renouard du 59e bataillon chasseurs fut tué. Un instant après, je fus fait prisonnier.
Cassel, le 23 mars 1916
Signé BAUDRU


