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Récit du Sergent FOURNIER et chasseur MENARD (59e BCP)

Déposition du Sergent Eugène FOURNIER (59e BCP), adressée le 5 avril 1916, à Mme la Colonelle Driant par les Allemands via l'intermédiaire de l'Agence Internationale des Prisonniers de Guerre du Comité International de la Croix-Rouge, complétée de la déposition du chasseur MENARD (59e BCP) adressée le 10 avril par la même voie :



Reservelazarett IV, Trier

Trier den 28 Marz 1916

Vernehmung

des französischen Sergent Eugène FOURNIER vom 59 Bataillon de Chasseurs 2. Comp über den Tod des Lieutenent Colonel DRIANT


Hôpital militaire de réserve IV, Trèves

Trèves, le 28 mars 1916

Interrogatoire

du sergent français Eugène FOURNIER du 59e bataillon de chasseurs 2e compagnie au sujet de la mort du lieutenant-colonel DRIANT


Après avoir été rendu attentif à la gravité de sa déposition et après avoir été exhorté à dire toute la vérité, le sergent Fournier déclare :

"En se repliant du bois des Caures, le 22 février 1916, vers 3 heures de l'après-midi, pour aller dans une tranchée située à environ 1km du village de Beaumont, j'ai trouvé le Lieutenant-Colonel Driant dans cette tranchée. Ne pouvant plus résister dans cette tranchée, le L-C nous donna l'ordre de faire un bon en arrière en disant : "courage, mes enfants!" - Je n'ai pas vu d'autres officiers avec lui. - Le Lieutenant-Colonel Driant sortit en compagnie de ses chasseurs de la tranchée. A environ 50 mètres de la tranchée que nous venions de quitter, j'ai été blessé à la cuisse droite et je me suis réfugié dans un trou d'obus où se trouvaient d'autres chasseurs du 59e bataillon. Quelques instants après, venant nous rejoindre, le Lieutenant-Colonel Driant tomba, frappé mortellement d'une balle mitrailleuse au bord du trou d'obus où nous nous trouvions en criant : "Oh là là...!" Nous l'avons soulevé pour voir s'il était mort ou seulement grièvement blessé mais il ne donna plus signe de vie.

Environ 1/2 heure après les soldats allemands arrivèrent jusqu'à ce trou, défirent le porte carte du Colonel Driant et trouvèrent une carte de visite ainsi libellée : "Commandant Driant, Député de Nancy", carte qu'il me firent voir en me demandant ce que cela signifiait. Je crois que ces soldats qui étaient au nombre de trois, appartenaient à la garde impériale.

A la tombée de la nuit, j'ai dû quitter le trou d'obus pour aller au pansement et j'ignore ce qu'il advint dans la suite du Colonel DRIANT. 

En partant, j'ai pris la canne du Colonel et son cache-nez.

Lu et approuvé

Signé : Eugène FOURNIER, sergent 59e Chasseurs à pied, 2e Cie

Pour la vérification de ma déposition on peut interroger le chasseur Ménard qui se trouvait avec moi et qui se trouve actuellement au camp de Limburg.



Renseignements sur le Lieutenant-Colonel Driant

IV Bataillon - 11 Kompagnie

Le Soldat MENARD Albert 59e Bataillon de Chasseurs à pied, 8e Cie, 3e section fait la déclaration suivante :

"Le 22 février 1916 vers 3h30 de l'après-midi au moment de l'assaut allemand contre le Bois des Caures, je fus blessé à la cuisse gauche et obligé de me réfugier dans un trou d'obus à environ 200m du Bois dans la direction de Beaumont; quelques minutes après, je vis arriver en courant le Lieutenant-Colonel Driant, mais avant qu'il ait pu gagner le trou d'obus il était tué net par une balle, son corps est resté aux mains de l'ennemi. A la fin de la fusillade, vers 5h du soir, j'étais fait prisonnier et j'ai pu constater que le Lieutenant-Colonel était bien mort.é

Limburg, le 2 avril 1916

Le sous-officier chargé des recherches, Paul HIPPOLYTE

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