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Hommage à Daniel DAVID (1940-2021)

Le 13 février dernier, nous quittait Daniel DAVID, biographe du Lt-colonel Driant. C'est peu dire que la mémoire d'Emile Driant lui doit énormément, tant son travail universitaire sur le "Jules Verne militaire" et sa biographie monumentale, publiée chez Klopp, font référence. Tous ceux qui s'intéressent aujourd'hui à la personnalité et à l'oeuvre du Lt-colonel Driant ne peuvent faire l'économie de se référer à ses travaux, tels des nains juchés sur les épaules d'un géant. C'est avec émotion et une profonde gratitude que nous lui rendons hommage ici et présentons nos condoléances à son épouse et ses trois enfants.


Né en 1940, Daniel DAVID a fait sa carrière au CNRS où il est devenu Directeur de Recherche. Physicien de formation, titulaire dans cette discipline d'un Doctorat de 3e cycle et d'un Doctorat d'Etat, il est un spécialiste de la science des matériaux, sujet sur lequel il a publié de nombreux articles et communications. Il a dirigé un important Groupement de Recherche, formation réunissant 25 laboratoires. Il a longuement participé au programme d'enfouissement des résidus de l'industrie nucléaire.

Il est également lieutenant-colonel honoraire, après une carrière accomplie au sein du corps des ORSEM (Officiers de Réserve Spécialistes d'Etat-Major). Il est marié et père de trois enfants.

A partir de 1980, il a entrepris parallèlement une carrière d'historien, validée par le CNRS et orientée principalement vers l'histoire militaire, la fortification, l'histoire des sciences et techniques. Il a consacré sa thèse de Doctorat d'histoire militaire au Lt-colonel Driant : "Armée, politique et littérature : Driant, ou le nationalisme en son temps", thèse soutenue à l'Université Paul Valéry de Montpellier en 1992, sous la direction du Professeur André Martel. Cette thèse fut éditée en 2006 aux éditions Gérard Klopp. Daniel DAVID publia aussi de très nombreux articles et intervint dans différents colloques et conférences sur le sujet, devenant ainsi un des spécialistes incontournables de Driant.

Il décède le 13 février 2021, à l'âge de 80 ans, à Vernon où il fut inhumé.


Dans l'avant-propos de sa thèse de Doctorat, il s'expliquait sur les choix et motivations très personnels qui l'avaient guidé vers le lt-colonel Driant comme sujet de recherche :

"Nous avons toujours connu le nom de Driant. peut-être est-ce un privilège de l'âge, qui fait que nous avons fréquenté l'école en un temps où l'on y apprenait l'orthographe, la géographie, et ce que certains ont baptisé depuis dédaigneusement l'histoire événementielle. Curieuse expression, qui laisse entendre que l'histoire, et particulièrement l'Histoire de France, pourrait ne pas s'articuler sur la suite chronologique des événements. Dans un pays bimillénaire comme le nôtre, qui dut toujours combattre pour sa survie, les événements marquants furent bien souvent des batailles et des guerres. Avec le recul du temps, il n'en reste que des images fortes, qui imprègnent les imaginations enfantines; c'est le Vengeur sombrant avec son équipage, c'est Napoléon devant le soleil d'Austerlitz, c'est aussi, encore bien proche, la bataille de Verdun.

Elle nous semble bien proche et, dans cette vision personnelle de la perspective chronologique qui s'enfonce au loin dans les brumes du passé, nous nous sentons bien éloigné de la jeunesse actuelle. Nous conservons le souvenir d'une grand'mère, dont on nous expliquait que ses parents lui avaient donné le prénom de l'Impératrice: Eugénie. Pour un enfant, c'était à la fois émouvant et impressionnant. Quant à la Grande Guerre, elle fut toujours pour nous très présente, puisque notre père l'avait faite et que nous avons eu la chance de le conserver jusqu'à l'âge d'homme. Non pas, d'ailleurs, qu'il l'évoquât outre mesure; sa seule présence suffisait à rendre l'événement à la fois passionnant et accessible.

Cette accessibilité, le goût de l'Histoire et de la connaissance, furent favorisés par un autre facteur, lui aussi d'origine familiale. ce fut la libre disposition d'une importante bibliothèque, oeuvre du travail patient de plusieurs générations. Comment ne pas sentir la Grande Guerre encore très proche, surtout si l'on en a un témoin auprès de soi, en feuilletant par exemple la collection de l'Illustration, ou en lisant les oeuvres de Maurice Genevoix?

Ainsi, rien d'étonnant à ce que le personnage de Driant nous ait toujours été familier, mais seulement à propos de la bataille de Verdun. Ce n'était pas une raison suffisante pour devenir son biographe, encore moins pour donner à cette recherche l'ampleur d'un travail universitaire.

C'est par le canal de la bibliophilie que nous revînmes à Driant, alias le Capitaine Danrit. Bien avant de nous lancer dans l'aventure qu'est la préparation d'une thèse d'Histoire, nous venions d'en terminer une autre, qui fut elle aussi un travail de longue haleine. La bibliothèque familiale comportait quelques ouvrages de Jules Verne, dans leurs somptueuse présentation originelle. Tout enfant, on nous permettait parfois de les feuilleter, mais avec combien de soin et de respect. de là peut-être, vint notre amour des beaux livres. De là vint aussi, bien plus tard, le projet de compléter la collection, en acquérant tous les titres en édition Hetzel. projet ambitieux, mais qui n'eut pas présenté de difficultés considérables si un expert vernien, Michel Roethel, ne nous eût conseillé de constituer une collection infiniment plus rigoureuse, celle des premiers tirages de chaque titre. Dès lors, le terme d'aventure n'avait rien d'excessif, car chacun des ouvrages devait satisfaire à des critères rigoureux, ce qui rendait plusieurs d'entre eux presque introuvables. La narration des détails de cette patiente entreprise n'a pas sa place ici. Nous ne l'évoquons que parce que nous sommes redevables à Michel Roethel d'avoir, ensuite, entrepris de réunir les oeuvres complètes du Capitaine Danrit, considéré comme le Jules Verne militaire. ce fut, cette fois, tâche facile, à la condition de renoncer au roman introuvable qui a nom La Révolution de Demain, mais alors, nous ignorions son existence.

Enfin, nous ne le cacherons pas, le personnage de Driant nous est sympathique. Cet homme fut un patriote et un soldat, et nos choix personnels sont, modestement, en accord avec les siens. La vision, dès l'enfance, des champs de ruines de l'après-guerre, une famille où le nom seul de l'occupant était honni, bien qu'elle n'ait pas eu à souffrir directement de sa présence, l'inoubliable traumatisme familial de l'annonce radiodiffusée de la chute de Dien-Bien-Phu, plus tard le martyre des tenants de l'Algérie Française, Européens et Musulmans, y sont certainement pour beaucoup. De là, sans doute, est venu notre engagement persévérant dans l'armée de réserve, qui nous a conduit au fil des années au grade de lieutenant-colonel dans le service d'Etat-Major.

Mais, il ne nous apparaît pas que l'indifférence, voire l'antipathie, vis-à-vis d'un personnage soient les garants de l'impartialité de l'étude qu'on lui consacre. Nous nous sommes efforcés d'appliquer à Driant les règles d'objectivité qui furent les nôtres il y a une vingtaine d'années, lorsque nous préparions notre thèse d'Etat de Physique. Discipline facile au demeurant, car la vie et l'oeuvre de cet hommes furent simples et clairs, et ne se prêtent guère aux polémiques et aux interprétations subjectives."


A Dieu M. DAVID. Et merci.


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