Mon ami W. Serieyx constatait, ici même, ces jours-ci, dans un article intitulé Procédés étranges, que la garnison de Lunéville fournissait autant de pelotons qu’il y avait d’églises à inventorier : il en concluait que c’était uniquement à des lieutenants, chefs de pelotons, qu’incombait l’exécution des réquisitions et, par suite, les risques à courir avec la solution du « cas de conscience » qui en résultait.
« Nous voudrions, ajoutait-il, que les renseignements qui nous sont ainsi transmis fussent inexacts. »
Or, j’ai sous les yeux l’ordre d’un des chefs de corps de la garnison de Lunéville, et c’est un plaisir pour l'Eclair, en même temps que pour Serieyx et pour moi, de constater qu’au contraire, tout le monde là-bas a fait son devoir, sans se dérober aux responsabilités, depuis les généraux qui ont été parfaits de cœur et de tact, jusqu’aux colonels qui ont donné des ordres écrits dont ils prenaient la responsabilité, jusqu'aux lieutenants enfin, qui se sentaient en communauté de sentiments avec leurs chefs.
C’est l’autorité civile seule qui a exigé l’envoi de pelotons dans les villages, de même que c’est le gouvernement de pleutres que nous subissons qui impose à nos camarades cette besogne malpropre. Ces gens-là n’ont de courage que contre des sœurs et la seule puissance devant laquelle ils ne tremblent pas en Europe, c’est celle du Pontife de Rome sans armée.
S’il est vrai, par conséquent, que certains grands chefs ne brillent pas par le caractère au milieu de tous ces événements provoqués par la lâcheté de nos maîtres civils, ce n'est pas dans l’Est qu’il faut redouter ou chercher ces défaillances-là. Il suffit, d’ailleurs, de se rappeler que Peigné faisait envoyer en disgrâce à Toul, Epinal et Verdun, les officiers que lui dénonçait le T. C. F.*. Chevalier, pour être sur que nos troupes de frontière possèdent ce qu’il y a de mieux dans notre armée comme officiers de caractère.
Commandant Driant.
Comments