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  • Photo du rédacteurDRIANT Emile

Le Monument du Bois des Caures

Dernière mise à jour : 21 févr. 2023

Le 22 octobre 2022 marque le Centenaire du Monument où repose le Lt-colonel Driant au Bois des Caures. Le monument devrait d'ailleurs être prochainement reconnu "nécropole nationale" par l'Etat, et être confié au soin de l’Office National des Combattants et Victimes de Guerre.

Il y eut plusieurs événements et monuments avant d’arriver à celui que nous connaissons aujourd’hui : la sépulture donnée par les Allemands en 1916, les exhumations de 1919 et 1922, l’inauguration du monument en 1922, l’aménagement du monument en 1933... Revenons sur ces différentes étapes.

1- LA SEPULTURE DONNEE PAR LES ALLEMANDS EN 1916

A l’issue de deux jours de combats acharnés sous un bombardement infernal, le Lt-colonel Driant tombe face à l’ennemi, alors qu'à la tête des derniers survivants de ses deux bataillons il entamait un mouvement de retraite. Les témoins de sa mort ayant été fait prisonniers, il se passera plusieurs semaines avant que l’on soit définitivement fixé sur son sort. Durant ces semaines, la colonelle Driant et ses enfants reçoivent des messages contradictoires: il a été fait prisonnier, il est à Vacherauville avec les débris de son bataillon, il est blessé et hospitalisé, il a été tué

Un télégramme du Roi Alphonse XIII, transmis à Mme Driant par le Président Poincaré, viendra définitivement déterminer le sort de celui que l’on considérera désormais avec ses Chasseurs comme Héros du Bois des Caures.

C’est une lettre de la Baronne allemande Schrötter, datée du 16 mars 1916, qui, elle, informera la famille de ce qui est advenu de sa dépouille : « Madame. Mon fils, lieutenant d’artillerie, qui a combattu vis à vis de Monsieur votre mari, me dit de vous écrire et de vous assurer que Monsieur Driant a été enterré avec tout respect et tous soins et que des camarades ennemis lui ont creusé et orné un beau tombeau. (…) Monsieur Driant a été enterré tout près du commandant Etienne Renouard du même bataillon 56/59 chasseurs à pied et à la lisière de la forêt de Caures entre Beaumont et Flabas. On va soigner le tombeau de sorte que vous le trouverez au jour de paix. »


Peu à peu, via la Croix-Rouge, les témoignages des survivants faits prisonniers apportent des précisions sur la mort du Lt-colonel. Puis, des officiers allemands communiquent des informations sur le lieu de la sépulture où il repose, avec des photographies ou croquis à l’appui. C’est le cas du Generalmajor von Wolff qui transmet à la Croix Rouge le rapport suivant dès le 17 avril 1916 : « La tombe qui est soigneusement aménagée est située à environ 1km au nord de Beaumont et à 300 mètres à l’ouest de la route de Ville-Vacherauville près du Bois des Caures. Elle a une bordure de bois de bouleau et est marquée d’une croix portant l’inscription suivante : « Ici repose le ltn.-colonel Driant, Commandant des 56 et 59me batl. de chasseurs à pied, tombé au cours des combats aux environs de Verdun, entre le 26 et le 29 février 1916. » La date n’est pas exacte. Le colonel Driant est tombé entre le 21 et le 24 février, probablement le 23, car ce jour le Bois des Caures fut pris par les Allemands et Beaumont le jour suivant. D’après les dires d’un artilleur, le Colonel Driant qui avait eu 3 blessures occasionnées par des éclats d’obus et qui selon toute probabilité est tout de suite décédé, ne fut trouvé que le 9 mars et enterré par des sanitaires. A côté du colonel Driant, nous avons trouvé, mort également, le major Etienne Renouard du 59me bat. de chasseurs, qui a été enterré dans une tombe spéciale près de celle du colonel Driant. 7 chasseurs sont inhumés au même endroit. » Le général joint un croquis qui représente l’emplacement de la tombe, puis une photographie.


Le 20 avril, la Croix Rouge adresse à Mme Driant une première photographie de la tombe du Colonel Driant qui a été prise avant que la croix dont fait mention le Generalmajor von Wolff y soit élevée. Puis parviendront d’autres photographies, cette fois-ci avec la croix et l’inscription. Il semble que les deux tombes, du fait des bombardements dans le secteur, aient du être améliorées et aménagées dans le courant de l’année 1916, par les soins du lieutenant Adolf Dams qui envoya une photo à Mme Driant avec ces mots: « ci-joint photo qui montre les tombeaux que j’ai donnés aux courageux défenseurs de Verdun, le colonel Driant et le commandant Renouard, dans l’année 1916. La canonnade a détruit les tombeaux après quelques semaines. »


Ce n’est que plus tard, en 1933, qu’un officier Allemand, le capitaine Sonnenchein, apportera des précisions sur les circonstances dans lesquelles le Colonel Driant fut trouvé et inhumé. Dans un rapport destiné à l’historique de son Régiment, il raconte: « Dans cette position, un épisode me parait mériter une mention toute particulière. Après la première nuit passée là, le matin, je m’étais éloigné de la colonne avec le sous-lieutenant D… et en compagnie du major Dr B… pour aller reconnaître le terrain dans la direction de Beaumont. Cent mètres environ après avoir quitté la lisière sud du bois, nous trouvâmes deux officiers supérieurs de Chasseurs français qui étaient tombés. Ils gisaient l’un près de l’autre, le visage imposant, grave, très calme : des têtes de caractère. (…) Par les plaques d’identité nous pûmes établir que nous avions devant nous le Colonel Driant, commandant du secteur du Bois des Caures (comme nous le savions par le rapport de l’armée) avec un de ses seconds, le Commandant Renouard. Par ailleurs, nous ne trouvâmes aucun papier sur les morts, pas le moindre objet de valeur non plus; par contre les cadavres portaient dans les poches de la vareuse des grenades à main en forme d’oeufs, que tous deux n’avaient pas eu le temps d’utiliser. (…) A midi de ce même jour, le sous-lieutenant D… avec un détachement de la 2ème colonne légère de ravitaillement de munitions, ensevelit les deux morts, mit sur chaque tombe une croix de bouleau avec une planchette portant le nom et entoura les deux tombes d’une barrière faite de rondins de bouleau. » Mme Driant lui répondra pour lui indiquer comment la tombe fut retrouvée : « Mes enfants et moi avons lu votre rapport avec la plus grande émotion et intérêt. Aussitôt après la guerre nous avons retrouvé les deux tombes absolument intactes et telles qu’elles figurent sur la photographie que vous m’avez faite parvenir. Chose étrange, alors que pas un mètre de terrain dans ce secteur n’avait été plusieurs fois bouleversé depuis 1916, seuls les 10m carrés entourant les deux tombes avait été épargnés. »


2- LES EXHUMATIONS DE 1919 ET DE 1922

Le Lt-colonel Driant et le commandant Renouard ont été enterrés côte à côté par les Allemands, à l’endroit même où ils ont été tués. Malgré les combats qui eurent lieu dans le secteur et les bouleversements de terrain afférents, leurs deux tombes demeurèrent intactes jusqu’à la fin de la guerre. Elles purent être retrouvées facilement grâce aux indications, croquis et photographies, transmises par les Allemands.

Une première reconnaissance française eut lieu en novembre 1918, une fois le secteur du Bois des Caures repris aux Allemands par les Américains. Le lieutenant Malick dans son rapport raconte: « Les tombes ont été reconnues intactes aux emplacements exacts marqués par le topo allemand de la Croix Rouge. Elles se trouvent actuellement à l’endroit même où, vraisemblablement, ces deux officiers ont été tués, entre les lignes : à 60 et 80 mètres environ du petit poste français le plus avancé, à une centaine de mètres à l’ouest du chemin de terre de Beaumont et à une quarantaine de mètres au sud de la lisière du bois des Caures (…). Ces deux tombes sont parfaitement orientées NO-SE et décèlent d’un parfait état d’entretien encore récent. Elles sont entourées de rangées de pierres… Deux croix, placées à leur partie nord, ont été brisées par des éclats d’obus. Nous avons pu remplacer les croix détruites par deux croix de 1m10 de hauteur, portant en gros caractères le nom du colonel Driant et du commandant Renouard. (…) L’entourage des tombes a été également refait, une partie (insignifiante d’ailleurs) ayant été détruite par un 210 tombé à une cinquantaine de mètres au sud de ces tombes. (…) En résumé, à l’heure actuelle, les croix, les tumulus intacts et les clôtures permettent de distinguer les tombes du terrain environnant, et les quelques soins qui ont pu être apportés peuvent être, dans la mesure du possible, un gage de la conservation de ces deux tombes. »


Ce n’est que le 9 août 1919, dans la matinée, que les deux officiers morts pour la France ont été exhumés et formellement identifiés, dans les circonstances suivantes : l’adjudant Torréano et quatre soldats identificateurs ont ouvert les deux tombes en présence de Mme Driant, du général Renouard, du général Valentin, Gouverneur de Verdun, et du lieutenant Robin, Chef de secteur du Service Militaire de l’Etat-Civil de Verdun-Est. Les restes des deux héros ont été formellement reconnus, les galons étaient encore très nets sur l’uniforme. Le général Renouard fit transférer son fils au cimetière du Faubourg Pavé à Verdun. Le Lt-colonel Driant fut mis en bière et ré-inhumé aussitôt sur place.

Dans une lettre émouvante, Mme Driant rapportera à ses fils, Raoul et Robert, tous deux sous les Drapeaux, le récit de cette première exhumation : « Mes deux fils aimés. Tout a été le mieux et j’ai bien la certitude que votre papa est là dans cette bière : les galons de métal des manches sont très visibles (je les rapporte) et il avait encore dans la poche l’alliance du Lt Petitcollot. Aucun doute possible. De même pour le Cdt Renouard, on a retrouvé en bon état ses galons et le n° 59e sur son col. Mais aucun papier ni pour l’un ni pour l’autre, ni plaque d’identité, ni montre ; tout avait été volé. Je n’ai rien vu, je vous le jure. Quand nous sommes arrivés avec les Renouard et le Gal Valentin sur les lieux à 10h, les corps avaient été déjà découverts par quatre hommes conduits par un lieutenant de chasseurs à cheval faisant fonction d’officier d’Etat-Civil. Je ne me suis pas approchée ; je suis restée à une dizaine de mètres sans regarder. Alors on a pris les corps et on les a mis dans les bières, on a recouvert votre papa avec le drapeau que j’avais apporté, on a mis contre lui des lettres de vous trois ; le 1er hochet de vos petits frères morts (en Tunisie) et qui a aussi servi à Chérie (Marie-Thérèse, l'aînée des enfants) ; mon chapelet de 1ère Communion. Alors seulement j’ai été m’agenouiller contre la bière ouverte et les braves soldats ont ramassé des brassées de fleurs tricolores dont le terrain était couvert (coquelicot, mauves, marguerites) et en ont recouvert votre papa - et avec tant de piété si vous les aviez vus ! Quand la bière a été fermée, je les ai remerciés du soin avec lequel je les avais vu agir et ils pleuraient tous. On a remis la bière dans la terre à sa place, et ils ont encore tout couvert de fleurs ; j’avais aussi apporté une grosse gerbe et une couronne de lierre. Quant au Cdt Renouard, un fourgon militaire automobile l’a emporté au cimetière de Verdun ; ce sera plus commode quand on le reprendra pour l’emmener dans leur caveau. Voyez-vous mes petits, il m’a fallu moins de courage que je ne pensais. Il y avait tant de grandeur, de simplicité et de gloire dans cette cérémonie que cela vous rendait fort. (…) »


Le colonel Driant demeura inhumé, au même endroit où l’avaient enterré les Allemands, jusqu’en octobre 1922. Il n’était pas rare de voir des familles s’y rendre en pèlerinage pour rendre hommage au héros, sauveur de Verdun, tombé pour la France.


Lors de la seconde exhumation qui eut lieu en octobre 1922 et qui précéda son transfert au Monument où il repose aujourd’hui, on retrouva le cercueil intact. C’est l’Abbé Charles Weppe qui nous donne le récit de cette seconde exhumation. Conformément au désir de Mme Driant, il a assisté à l’exhumation le 9 octobre 1922 vers onze heures du matin, en présence du capitaine Clémendot, Chef des Secteurs d’Etat-Civil de Verdun, du Docteur Pelas, chargé du Secteur d’Hygiène de Verdun, de M. Grégoire, Commissaire de Police à Verdun, et de M. Chevallier, Chargé des Services de Récupération de Verdun. « J’atteste (…) avoir formellement reconnu les précieux restes du Colonel Driant, et pieux objets placés en bière le 9 août 1919 en présence de Madame Driant. J’atteste enfin que ces précieux restes et objets ont été immédiatement déposés dans un cercueil en chêne et en zinc, béni par moi, et qu’ils ont été reçus par le Maire et toute la population à l’entrée du village de Ville, ensuite déposés provisoirement en ma barque-église où le cercueil en zinc a été soudé, en ma présence par Monsieur Alex Dautel, Conseiller Municipal et ouvrier forgeron de Ville-Devant-Chaumont. »


3- LA CONSTRUCTION DU MONUMENT

Le colonel Driant avait exprimé à son épouse, dans une lettre du 12 janvier 1916, le souhait d’être enterré au milieu de ses Chasseurs, dans le cimetière qu’il avait aménagé pour eux, au pied de la Croix qu’il avait faite ériger et réaliser par un de ses hommes, Alphonse Corio. « Les Chasseurs suivent religieusement l’état d’avancement des travaux de leur monument au cimetière de Vacherauville. (…) Ils sont heureux de penser qu’une statue, un vrai monument, qu’on viendra voir de partout après la guerre va s’y dresser pour leur mémoire. Si Dieu voulait que je tombe par ici, c’est là que je veux reposer. » Ce monument fut détruit par les bombardements.

Après la guerre, certains Chasseurs eurent la volonté de ramener le corps de leur chef, de leur « père » comme ils se plaisaient à l’appeler, dans ce cimetière près de Vacherauville et de demander au Chasseur Corio de réédifier un monument. Mais, compte tenu de la célébrité du Lt-colonel Driant, c’est un autre projet plus ambitieux qui pris l’ascendant, porté par le Souvenir Français, des anciens du 56e et 59e BCP, en lien avec la famille Driant.


Avec l’appui de Maurice Barrès, une large souscription fut ouverte dès 1919 pour l’édification d’un Monument digne de ce héros. Maurice Barrès raconte dans L’Echo de Paris du 20 octobre 1919 : « Nous venons de nous réunir, entre amis (le commandant Le Bleu, les généraux Malleterre, de Maud’huy, de Nonancourt, Mgr Ruch, le maire de Nancy, les députés lorrains Marin et Lebrun etc.) pour décider l’érection d’un monument au colonel et à ses chasseurs. Son emplacement est fixé à l’entrée du bois des Caures, auprès du poste de commandement du colonel Driant. Nous entretiendrons ce poste de commandement qui existe encore et, autour de la statue du chef, nous grouperons les tombes françaises et américaines disséminées dans le bois des Caures. Nous avons nommé à l’unanimité président de notre comité Paul Deschanel et trésorier M. Simon, notaire à Paris, qui, capitaine de chasseurs à pied, fut un des vaillants du bois des Caures auprès de Driant. J’envoie ma souscription de cinq cents francs à M. Simon (…) et j’y joins cent cinquante trois francs que dès la première nouvelle de la mort du colonel en 1916 m’avaient donnés des lecteurs. »

Trois ans plus tard, une fois la souscription aboutie, ce Monument voit le jour, après que plusieurs projets aient été imaginés pour lui donner forme. Le sculpteur Grégoire Calvet, qui a été choisi pour réaliser l’œuvre, suggère un projet de mémorial qui représenterait une simple pierre tombale, surmontée d’un faisceau d’armes entourant le Drapeau des Chasseurs ; un chasseur de garde, anonyme, veille, arme au pied, sur le sommeil de ses frères d’armes. Pas de bas-relief, pas même une effigie du colonel. Une inscription : "Au colonel Driant et ses chasseurs". La veuve du colonel précise même que c’est un de ses fils, Raoul, chasseur au 1er BCP, qui devrait prêter ses traits au chasseur de garde.

Ce projet initial a finalement beaucoup évolué pour arriver progressivement à celui que nous connaissons aujourd’hui : très simple, il se compose d’un bloc de pierre brute au sommet duquel s’élève une croix. Au pied de cette croix principale émergent du bloc de granit une foule de petites croix, hommage pieux aux chasseurs tombés autour de leur chef. L’une des petites croix est ceinte d’un cor de chasse, symbole des chasseurs à pied. Au départ, une main symbolique, à peine visible, devait tracer la fière devise : "On ne passe pas". Mais les anciens combattants ont exigé que la main symbolique ornant la croix soit supprimée : en effet, elle prêtait à polémique, les uns trouvant qu’elle ressemblait à une main de Fatma, les autres considérant qu’elle rappelait en trop le geste du Boche faisant « Kamarade ». En avril 1922, le choix de l’emplacement ne faisait non plus pas encore l’unanimité : le comité mis en place pour l’édification du monument cherchait une éminence située en dehors du bois des Caures, tandis que l’association des Chasseurs de Driant tenait absolument à ce que le mémorial soit élevé en plein cœur du bois, là où le combat fut le plus acharné. Ils obtinrent finalement gain de cause.

La sobre allure du monolithe, façonné par Grégoire Calvet à partir d’un imposant bloc de pierre issu des carrières de Rupt-en-Woëvre, et sa position dans l’espace, en surplomb d’un banc rocheux, inspirèrent ces phrases lyriques à Jacques-Napoléon Faure-Biguet, dans L’Echo de Paris : « Il n’est point très grand ; il n’est point très haut ; il est tout seul dans le vaste paysage. Mais comme il faut lever la tête pour le voir, on ne peut pas mesurer jusqu’où vont les regards de ceux qui sont là. Jusqu’à l’infini, sans doute, car si le monument est de faible proportion, chacun sait qu’il repose sur le plus haut socle : le tombeau d’un grand soldat tombé au milieu de ses hommes.  La dépouille du colonel Driant est étendue sous cette pierre. Autour de lui, dans de petites tombes, des chasseurs inconnus montent une garde éternelle.»


4- LA DERNIERE INHUMATION ET L’INAUGURATION DU MONUMENT

C’est le 22 octobre 1922, qu’eut lieu l’inauguration officielle du Monument. La dépouille du colonel qui avait été à nouveau exhumée, au début du mois, et transportée dans la petite chapelle de Ville-devant-Chaumont, sera transportée le 21 octobre et inhumée définitivement dans le caveau aménagé sous le monument (une place avait été prévue à ses côtés pour son épouse, qui finalement reposera dans le caveau familial de la Famille Boulanger au Père-Lachaise).

Une grande cérémonie, autour du Monument, sur les lieux mêmes des combats, réunit une foule nombreuse de personnalités et de simples gens, en présence de délégations de tous les Bataillons de Chasseurs à pied, de leur unique Drapeau, de leurs fanions et d’une fanfare d’un Bataillon de Chasseurs.

La cérémonie démarre dès 10h du matin par une Grand Messe solennelle célébrée sur le terrain, au Bois des Caures, par Mgr de la Celle, évêque de Nancy. L’après midi, un survol d’avions donne le signal du commencement de la cérémonie. Le Drapeau des Chasseurs, au son des chants et des clairons, gagne alors sa place face au monument, « loque admirable dont il ne reste plus qu’un peu de bleu et de blanc, comme s’il n’était plus besoin de rouge pour qu’il fut tricolore après tant de sang versé ».

A 14h, c’est Mgr Ginisty, évêque de Verdun, qui procède à la Bénédiction du Monument, assisté par Mgr Ruch, évêque de Strasbourg. Certaines des personnalités présentes tiennent alors de vibrants discours pour rendre hommage à Émile Driant. André Maginot, Ministre de la Guerre, prend le premier la parole, pour lire d'abord un télégramme du Président du Conseil, Raymond Poincaré, qui aurait du être présent, avant de livrer un vibrant hommage à Driant et ses Chasseurs. Puis, c’est au tour du général de Castelnau, président du Comité d’organisation, puis de Maurice Barrès, de Désiré Ferry, député de Meurthe-et-Moselle, de Monseigneur Ruch, évêque de Strasbourg, de François Marsal, sénateur du Cantal, ancien élève de Driant à Saint-Cyr et représentant la Saint-Cyrienne, puis enfin du capitaine Seguin, du 59e Bataillon de Chasseurs à Pied, au nom des Chasseurs de Driant. Tous, saluent dans leurs discours l’exemple de Driant, son attention paternelle pour ses hommes, et l’unité d’une vie généreusement et entièrement offerte à la Patrie.

On reconnait aussi, à côté des ces personnalités, de nombreux généraux, comme Pau, Mangin, de Maud’Huy et de Nonancourt, des personnalités comme l’Abbé Dutoo, sergent et aumônier au 56e BCP, le commandant Segui, représentant du Roi d’Espagne, Alfred Sautet, président de la Fédération des Chasseurs à pied, mais surtout une foule d’anciens combattants, des Chasseurs de Driant, et la famille Driant, la veuve du Colonel et trois de ses enfants, Marie-Thérèse, Raoul et Robert.

Le général de Castelnau, au nom des souscripteurs et du Comité d’organisation remet le Monument au Souvenir Français, avec ces mots : « Dans notre pensée, ce pieux mausolée doit magnifier aux yeux des générations présentes et futures, la vaillance de ce héros, proclamer pour l’édification de tous, que sa trop courte existence dominée par la plus haute conception du sentiment et du devoir patriotique fut consacrée intégralement, quoique sous des formes diverses, au service, à la prospérité et à la grandeur de la douce patrie. »

Le Souvenir Français prendra soin du monument puisqu’il procède en 1933 à un aménagement des abords qui pérennise le site. Victor Schleiter, député-maire de Verdun, enverra à Mme Driant le 16 mai des photographies du Monument dans sa nouvelle configuration, que nous connaissons aujourd'hui.

En parallèle, seront réaménagés différents monuments autour du Bois des Caures : le Poste de Commandement du Colonel Driant sera restauré et hébergera même un temps un petit musée mémorial entretenu par l’Abbé Weppe; une stèle sera édifiée à l’endroit où il est tombé; une croix marquera l’emplacement de la tombe où les Allemands l’avaient inhumé; de même qu’en 1926 sera restaurée à Vacherauville la Croix des Chasseurs. Cette dernière sera de nouveau détruite durant la seconde guerre mondiale et réédifiée en 2016 à l’occasion du Centenaire des combats du Bois des Caures, grâce à une souscription, comme ce fut déjà le cas en 1916.

C’est ainsi que ces monuments sont parvenus jusqu’à nous, et qu’aujourd’hui, le Monument du Bois des Caures où repose le Colonel Driant entouré de 13 Chasseurs inconnus devient Nécropole Nationale, confiant au soin de la Nation la Mémoire de ces soldats valeureux qui offrirent leur vie généreusement pour sauver Verdun, pour sauver la France.

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